Carole MONE

Echanges économiques & Projets de développement Afrique

  • 01:39 Réussir n'est pas une question de grandes d'ambitions
  • 03:13 Retrouver sa passion c'est se poser les bonnes questions
  • 06:46 Nous devons avoir cette conviction que nous le valons bien !
  • 12:12 Que faire de ses valeurs face à des choix difficiles ?
  • 15:35 Si j'avais à nouveau 15 ans, je...

Stella BIDA, en conversation avec Carole MONE, Facilitatrice des Echanges économiques & des Projets de développement Afrique


Transcription résumée de la conversation

Ceci est une version résumée de la conversation. Vous trouverez encore plus de détails et de conseils partagés dans la vidéo.

Carole MONE est une dame que j'ai rencontrée il y a quelques années. Elle agit comme une Facilitatrice des Echanges Economiques et des Projets de Développement en Afrique.

STELLA BIDA : Carole tu es le parcours inspirant du jour. Que devrait-on savoir de plus sur toi ?

CAROLE MONE : Peut-être le côté privé : je suis maman de deux adolescentes, presqu’aussi grandes que moi. Ce matin, je me suis levée en mode maman, j’ai fait des pancakes pour ma fille Laetitia qui a 13 ans, et qui reprenait l'école aujourd'hui après cinq mois, à cause du Covid. J’ai donc ces deux adolescentes, Audrey et Laetitia, qui sont évidemment mes sources d’inspiration aussi. Je suis mariée depuis une vingtaine d’années, je vis à Bruxelles depuis à peu près 25 ans. Je travaille effectivement dans le domaine dont tu as parlé depuis à peu près neuf à dix ans.

STELLA BIDA : Je comprends que tes deux filles sont super importantes pour toi. Si elles te demandent ce qu’est la réussite, qu'est-ce que tu leur réponds ?

Réussir n'est pas une question de grandes d'ambitions

CAROLE MONE : J'ai la chance d'avoir des adolescentes qui sont assez ouvertes d'esprit et qui captent en fait rapidement les réalités de la société. Elles sont métisses, donc elles sont issues de deux cultures, la culture africaine et la culture occidentale. Ce que je leur dis, c'est d'être dans une dynamique dans laquelle elles font ce qu’elles aiment. Je dis toujours à mes filles, réussir dans la vie ce n'est pas forcément être ingénieur, ou bien médecin, ou avocat, ou d’avoir de grandes ambitions. C’est être à l'endroit où on est et de faire ce qu'on aime. Mes filles ont encore plein de rêves ! Je leur dis souvent que peu importe le métier qu'elles voudraient faire dans l'avenir, peu importe l'issue du parcours qui sera le leur, ce que je voudrais évidemment c’est qu’elles fassent ce qu’elles aiment avec passion. Parce que moi je suis une passionnée, tout ce que j'entreprends dans ma vie je le fais avec énormément de passion. Je pense que la passion est importante, que ce soit au niveau privé que ce soit au niveau professionnel. Ça c’est pour moi c’est l’essentiel.

Retrouver sa passion c'est se poser les bonnes questions

STELLA BIDA : Comment est-ce qu'on fait pour garder cette passion et cet enthousiasme, quand les aléas de la vie veulent nous dérouter ?

CAROLE MONE : Effectivement, nous sommes tributaires d'une réalité de la société dans laquelle nous vivons, et n'est pas toujours facile de mettre en exergue cette passion. Mais je pense que ce qui est important c'est vraiment d'être soi-même, de garder cette âme d'enfant. Il s’agit de cette petite graine qui était au fond de nous au départ et qui nous permet d'avancer. Je suis une passionnée de théâtre, je fais du théâtre amateur. Je suis une actrice de théâtre amateur, et j'aime beaucoup ça parce qu’au-delà de tout ce que je suis, je reste quelqu’un d’assez timide intérieurement. J’ai du mal à me mettre devant des gens comme ça. Les gens ont l'impression parfois que c'est très facile parce que je le fais aisément, mais chaque fois que je dois prendre la parole devant une foule ou que mon métier le nécessite, j'ai toujours cette boule au ventre. Ma passion m'a permis de garder en moi cette volonté de faire ce que j'ai toujours eu envie de faire. Avec le métier que je fais aujourd'hui, je dois souvent voyager, mais j’essaie de cultiver cette passion comme cette plante que nous avons à l'intérieur de la maison, avec attention pour qu’elle puisse fleurir et s’épanouir. Nous devons être capables de nous réaliser sans éteindre cette étincelle qu’il y a au plus profond de nous, peu importe notre le métier. Moi je dis à mes filles, si vous voulez être des coiffeuses, alors soyez des coiffeuses passionnées, coupez les cheveux, coiffez avec passion si vous voulez l’être !

Ce que je voudrais communiquer à travers ça est que quand on se lève le matin pour aller travailler, qu’on garde ce punch qui nous permette de garder cette envie. Quand cette envie n’est plus là, alors c’est le moment de se reposer les bonnes questions. Il faut vraiment cultiver cette petite graine qui est en nous dès le départ.

Nous devons avoir cette conviction que nous le valons bien !

STELLA BIDA : Carole, ton métier nécessite que tu puisses t’exprimer auprès de foules et auprès de grandes personnalités, de manière internationale. Que dirais-tu aux personnes qui disent qu’elles sont timides et n’arrivent pas à exprimer leur leadership ? Quel est l’état d'esprit que tu cultives en toi pour utiliser ta parole ?

CAROLE MONE : Je crois en moi profondément. Je crois effectivement que j'ai des aptitudes et des connaissances que le métier que j'ai m’a données. Je les ai acquises avec le temps. Quand je commençais ce métier il y a neuf à dix ans, évidemment que je n'avais pas l’aisance que je revendique aujourd'hui. C'est vrai qu’être une femme d’origine africaine requiert un certain leadership, en me disant que moi aussi je le vaux bien. Il y aussi un rôle pédagogique, c'est à dire qu'on doit aussi parfois éduquer les gens. Je me suis trouvée confrontée très souvent à des réalités où les interlocuteurs qui étaient les miens partaient sur des aprioris, parce que je suis une femme noire. Mon rôle est aussi de leur faire comprendre qu’au-delà des stéréotypes, j'ai la capacité d’apporter quelque chose de valeur, dont ils ont besoin. Mon expérience auprès des entreprises avec lesquelles j'interagis depuis une dizaine d'années m’a aussi permis d’affirmer le fait que j'avais effectivement quelque chose dont elles ont besoin. C'est une quête perpétuelle, parce que chaque fois que je prépare un projet, comme ceux que je prépare en Afrique - ou dans le Moyen-Orient dans le passé - je dois tenir compte la dimension culturelle. La place de la femme n'est pas toujours acquise. Il a fallu effectivement que je puisse faire de la  pédagogie, en expliquant qu’il ne faut pas s’arrêter au fait que je sois une femme. Les résultats sont là.

Si nous on ne croit pas en nous, malheureusement il y a très peu de chance pour que les autres le fassent. Au plus profond de nous-même, nous devons avoir cette conviction que nous le valons bien.

STELLA BIDA : Quelles sont d’après toi les compétences clés à développer pour prendre sa place ?

CAROLE MONE : Pour prendre sa place, la première étape est de s’éduquer. Nous sommes dans une société aujourd'hui dans laquelle les compétences intellectuelles sont importantes. Ensuite il faut croire en soi. Enfin pour prendre sa place, il faut apprendre à partager ce qu'on a appris aux autres.

Que faire de ses valeurs face à des choix difficiles ?

STELLA BIDA : Beaucoup de personnes ont du mal à faire des choix lorsqu’elles ont des opportunités, notamment lorsque leurs valeurs ne sont pas totalement respectées. Est-ce qu’il t’est déjà arrivé de dire « non » à une opportunité parce qu’elle n’était pas en accord avec tes valeurs ?

CAROLE MONE : Oui bien sûr. J’ai étudié le Commerce International et le Marketing, en plus d’un diplôme de Communication. J’ai eu l'opportunité y a quelques années de pouvoir travailler dans le secteur du lobbying, dans lequel il faut être capable de pouvoir influencer les décideurs, trouver des personnes influentes qui vont pouvoir proposer des solutions sur des réalités de la vie. J'ai une fois eu un questionnement personnel, en me demandant si parce que je suis commerciale et que je sais vendre, est ce que je devrais le faire pour tout. J’ai aussi une éthique, je suis un être humain, j'ai ma culture, j’ai mes réalités, je sais ce en quoi je crois. J’ai dû me dire dès le départ que je vais dire « non », mettre mes limites et en rester là.

Je crois fermement qu’il faut qu’on puisse être capable de se regarder dans un miroir, et se dire que ce qu'on fait est bien fait, et qu'on le fait pour une cause à laquelle on croit.

Si j'avais à nouveau 15 ans, je...

STELLA BIDA : Que dirais-tu à la Carole de 15 ans si tu l’avais devant toi ?

CAROLE MONE : Je la rassurerais déjà parce que c'était une Carole qui n’était pas sûre d’elle. Elle avait plein de rêves. Je lui demanderais de continuer à croire en elle, que les choses vont s’acquérir petit à petit. Il y a un proverbe qui dit : « Si jeunesse savait et si vieillesse pouvait… ». Je prendrais mes bras d'adulte d’aujourd'hui en lui disant que ça va aller.

STELLA BIDA : Quelle est la vision qui te tient à cœur actuellement ?

CAROLE MONE : Je suis arrivée en Belgique il y a à peu près 25 ans. J'ai de la chance de travailler avec le continent africain, puisque j’organise à peu près cinq à six missions économiques par an dans la zone, en me déplaçant avec la délégation belge, en trouvant des partenaires. Je souhaiterais travailler en Afrique, et être capable d’y développer mes compétences. Ça c'est quelque chose que j'aimerais faire. J'essaie de me donner tous les moyens possibles pour voir ce projet aboutir. J’ai fait certains choix dans le passé, mais aujourd’hui mes filles sont adolescentes et elles deviennent grandes. Elles sont donc capables de comprendre ça. Je pense que ce serait aussi un réel défi pour moi de pouvoir retourner là-bas avec cette culture occidentale que j’ai acquise, et réapprendre ma culture africaine dans un milieu professionnel. Ça c’est un beau rêve que j’espère pouvoir effectivement un jour réaliser.

STELLA BIDA : Quels sont les 3 mots de soutien que tu donnerais à une personne complètement « à plat », qui ne sait pas où elle en est, notamment en cette période particulière de crise du Covid ?

CAROLE MONE : En premier lieu, je leur parlerais d’espoir. Je suis quelqu'un de fondamentalement optimiste. J’essaye toujours de voir les choses vraiment du meilleur côté possible et je pense qu'on est dans une situation dans laquelle on a besoin de croire. Il s’agit de croire en ce qu’on a envie de faire. Il faut ensuite se donner les moyens de ses opportunités, et avoir la possibilité de se trouver au bon endroit au bon moment, avec les bonnes personnes. C’est comme cela que les opportunités s’ouvrent à nous. Et pour terminer, il s’agit de se réaliser, à travers ce qu'on a envie de faire.

[...]

CAROLE MONE : Nous sommes aussi dans une dimension féminine. Quand je suis dans des projets dans lesquels il y a quatre-vingts ou nonante pourcents d'hommes qui sont présents, et très peu de femmes qui n’osent pas pour des raisons diverses, je me dis qu’il y a un message à véhiculer de notre part. Parce que si on ne le fait pas, j'ai presqu'envie de dire qu’il n’y a personne qui le fera à notre place.

STELLA BIDA : Merci Carole pour ta contribution. 


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